Depuis février, de nombreux utilisateurs se plaignent de l’apparition soudaine de l’application Android System SafetyCore sur leurs téléphones Android. Celle-ci ne présente ni interface utilisateur ni paramètres, mais Google Play indique que le développeur est Google lui-même, que le nombre d’installations dépasse le milliard et que l’évaluation moyenne est de 2,4 étoiles. L’objectif de l’application est décrit de manière vague : « Elle fournit la technologie sous-jacente pour des fonctions telles que la future fonctionnalité d’avertissements de contenu sensible dans Google Messages ». Il n’est pas difficile de deviner à quoi fait référence l’expression « contenu sensible », mais comment et pourquoi la société Google nous en avertit-elle ? Et comment va-t-elle s’assurer que le contenu est bien de nature sensible ?
Tout d’abord, rassurons-nous sur le respect de la vie privée : ni Google ni des experts indépendants n’ont relevé de problèmes de confidentialité. SafetyCore fonctionne localement, sans envoyer de photos ni d’informations connexes à des serveurs externes. Lorsque l’utilisateur reçoit une image dans Google Messages, un modèle de machine learning fonctionnant localement sur le téléphone l’analyse et la rend floue s’il détecte un élément choquant. Pour supprimer l’effet de flou, l’utilisateur doit appuyer sur l’image et confirmer qu’il souhaite réellement visualiser le contenu. Un phénomène analogue se produit lors des envois : si l’utilisateur tente d’envoyer une image contenant de la nudité, le téléphone vérifie à deux reprises si l’envoi est réellement nécessaire. Google insiste sur le fait qu’elle n’envoie les résultats de l’analyse nulle part.
L’application SafetyCore se charge de l’analyse des images, mais elle n’est pas conçue pour une utilisation autonome. D’autres applications font appel à SafetyCore lors de la réception ou de l’envoi d’images, mais c’est à elles de décider du résultat. Pour l’instant, l’analyse de l’IA se limite à l’application Google Messages : les images reconnues comme » sensibles » seront floutées. À l’avenir, Google promet de mettre les fonctionnalités de SafetyCore à la disposition d’autres développeurs, afin de permettre à des applications telles que WhatsApp et Telegram de détecter également les photos nues. D’autres applications pourraient être configurées pour, par exemple, bloquer les contenus pour adultes ou filtrer immédiatement ces images dans les spams.
Contrairement aux tentatives précédentes de Google et d’Apple de protéger les enfants contre les contenus indésirables, SafetyCore évite de faire appel à des serveurs externes pour l’analyse, ce qui renforce la protection de la vie privée mais sollicite le matériel. Google prévoit que SafetyCore sera à terme installé sur tous les téléphones suffisamment puissants (2 Go de RAM, Android 9 ou toute version ultérieure). La fonction sera désactivée par défaut pour les utilisateurs adultes, mais activée pour les mineurs. Si vous n’avez pas besoin de ce type d’assistance ou si vous n’aimez pas avoir d’applications superflues, vous pouvez simplement supprimer SafetyCore de votre téléphone. Contrairement à de nombreux autres services Google, cette application peut être facilement désinstallée via Google Play et la sous-section « Applications » des paramètres du téléphone. Toutefois, sachez que Google pourrait réinstaller l’application lors d’une prochaine mise à jour.
SafetyCore est le système de protection le plus élaboré, mais non le seul, développé par Google, fonctionnant sur l’appareil (c’est-à-dire sans utilisation du cloud et sans partage des données de l’utilisateur) et reposant sur l’intelligence artificielle. Parallèlement à SafetyCore, Google a annoncé en octobre 2024 des modèles de langage conçus pour analyser les messages d’inconnus dans Google Messages et suggérer de mettre fin à la conversation si le texte du message ressemble à une escroquerie classique.
Hormis SafetyCore, une autre application a fait son apparition sur les appareils sans aucun avertissement : Android System Key Verifier. Cette application ne dispose pas non plus d’interface utilisateur, peut être facilement désinstallée et vise à sécuriser les communications. Cependant, elle ne procède à aucune analyse assistée par l’IA. Cette application permet à deux utilisateurs de vérifier leurs clés lors de l’envoi de messages chiffrés de bout en bout. WhatsApp et Signal utilisent leurs propres méthodes (les utilisateurs scannent mutuellement leurs codes QR lorsqu’ils se rencontrent en personne, ou comparent de longues chaînes de chiffres qui s’affichent à l’écran). Google entend simplifier ce processus pour toutes les applications de messagerie en intégrant une interface standard dans Android.
Le principal problème soulevé par les utilisateurs à l’égard de Google, et la raison pour laquelle ces applications sont mal notées, n’est pas leur fonction, mais la manière dont elles sont installées : sans avertissement, sans explication et sans choix de la part de l’utilisateur. Une nouvelle application surgit sur leur téléphone. De nombreux utilisateurs de Google Play craignent qu’il s’agisse d’un virus, et certains signalent une baisse des performances de leur téléphone ou d’applications particulières. L’installation de ces applications Google n’a pas entraîné de problèmes généralisés, mais en cas de doute, vous pouvez supprimer manuellement l’application pour vérifier si votre téléphone fonctionne mieux.