De nos jours, il est devenu presque gênant de parler de confidentialité. Quel intérêt d’essayer de protéger la vie privée, quand certains utilisateurs négligents prennent plaisir à partager leurs données sur les réseaux sociaux ? Et, comme si ce n’était pas suffisant, aujourd’hui, les utilisateurs dépensent volontiers leur argent durement gagné, dans des services qui les incitent progressivement à rester enfermés chez eux, un peu comme ceux qu’on utilise pour traquer les criminels.
Et je ne fais pas seulement référence aux bracelets ! N’oubliez pas qu’il y a des centaines d’applications qui enregistrent vos faits et gestes, vos régimes, vos périodes règles, vos symptômes lorsque vous êtes malade ainsi que les médicaments que vous prenez pour vous soigner. Ces informations ont toutes quelque chose en commun : elles sont envoyées et enregistrées sur votre réseau.
Et c’est là qu’on crie « oooups! ». Au mois de mai dernier, une étude publiée par FTC a dévoilé que certaines caractéristiques étaient communes aux 43 applications évaluées, parmi lesquelles des gratuites et des payantes. D’abord, 23% des applications gratuites et 40% des applications payantes n’appliquent aucune politique de confidentialité.
Cela vous surprend ? Oh, mais vous n’avez encore rien vu. Attendez un peu d’avoir lu ça : 20 des applications de la liste ont transmis des données à des entreprises tierces (70 destinataires en tout), dont la plupart se consacrent aux analyses et à la publicité. Ils utilisent ces données pour mieux cibler leurs campagnes. En ce qui concerne le chiffrement de données, les résultats sont encore plus draconiens : seul 13% des applications gratuites et 10% des applications payantes le permettent. Donc, seul une appli de localisation sur 10 respecte les règles élémentaires de protection de données!
Seul une application #évaluant votre état de #santé sur dix vous propose de #chiffrer vos #données
La prochaine étape de l’étude se base sur douze applications et deux portables. Et le pire reste à venir : les données ont été envoyées à 73 organisations tierces, sans l’accord des utilisateurs. D’ailleurs, les développeurs de ces applications de santé et de bien-être trafiquent sans scrupules le nom de leurs utilisateurs, leur genre, l’adresse IP de leurs appareils, leur adresse mail, des renseignements sur leur activité physique et leur régime, leur code postal et leur adresse, le type de symptômes qu’ils ont consulté et l’adresse unique de chaque utilisateur, qui permet de les localiser au travers d’autres applications.
Pour vous aider à accepter que vos données personnelles ne sont plus uniquement les vôtres, nous vous conseillons de consulter le site web des chercheurs pour comprendre comment vos données personnelles sont envoyées via des applications à leur développeur. Cela implique que les agents de police ainsi que des bureaux ou entreprises, peuvent accéder librement à vos données, et probablement sans aucune restriction, étant donné l’incompétence des développeurs en ce qui concerne le respect des règles de confidentialité.
Cependant, la plupart des vendeurs d’applications retraçant votre état de santé assurent qu’ils ne transmettaient pas de données à des entreprises tierces, ce qui n’exclue pas qu’ils aient l’intention de le faire dans le futur. Même les données anonymes (quelque chose que les entreprises adorent) pourraient être utilisées, en particulier si elles sont associées à des données open source ou à des métadonnées. Quand c’est le cas, on pourrait dire que c’est Noël avant l’heure pour les entreprises que cela intéresse.
La moitié des applications #retraçant votre état de #santé transmettent vos données à des entreprises tierces
Les applications retraçant votre état de santé peuvent, par exemple, utiliser des capteurs de mouvements intelligents qui permettent d’identifier des mouvements autres que ceux exécutés lors de randonnées ou de courses. En tenant compte de cela, l’initiative prise par BP d’offrir à ses employées ainsi qu’à leur famille des Misfit trackers semble particulièrement douteuse. Le directeur général de Misfit a reconnu que les réductions sur des centaines d’applications contenant des logiciels de traçage, accordées aux clients, sont l’un des secteurs les plus florissants de l’entreprise.
N’allez surtout pas croire que ces informations sont traitées par des personnes qui, surchargées de travail, n’ont peut-être pas eu le temps de vous contacter. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Toutes ces données sont traitées via la technologie Big Data, et ne nécessitent aucunement l’intervention d’un être humain. Votre profil n’est pas un fichier parmi tant d’autres, qui peut éventuellement s’égarer. Votre profil est un ensemble d’octets qui peut être stocké partout, en fonction de l’intérêt que la personne ou l’entreprise vous porte, et des particularités que le système détectera dans vos données.
La #confidentialité est quelque chose de précieux que l’on doit à tout prix protéger. Parfois les chroniqueurs ne reflètent pas notre opinionhttp://t.co/3LTXJ7EAZA
— Eugene Kaspersky (@e_kaspersky) 29 августа 2014
L’aménagement urbain, le contrôle de trafic, les publicités ciblées voire même la dés-anonymisation ne sont rien comparé au choc lorsque vous recevrez une double factures de votre assurance. Vous vous demanderez « Mais qu’est ce qui se passe ? ». Vous avez sûrement moins bougé, pratiqué moins de sport et dormi moins que l’an dernier et pour cela, les risques d’attraper une maladie cardiaque ou neurologique sont plus importants. Certains développeurs ont avoué qu’au moins 50% de leurs revenus proviennent de la vente de ce type de données aux compagnies d’assurance.
Donc arrêtez de croire que vos données sont encore confidentielles. C’est de notoriété publique que votre état santé, cela intéresse aussi les autres. N’y voyez rien de personnel. La bonne nouvelle c’est qu’on n’oblige pas encore les citoyens qui respectent la loi, à utiliser des traqueurs. Donc tout ce que vous avez à faire pour conserver un minimum d’intimité, c’est éviter ce genre de choses.
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