La vérité nue

Découvrez les résultats de notre enquête sur la normalisation du partage de contenus intimes et les risques associés tels que le cyber-flashing et le revenge porn.

À l’ère numérique, le partage de photos intimes, communément appelées « nudes », est devenu une pratique courante. Cependant, une récente enquête menée par Kaspersky en collaboration avec l’association En avant toute(s) révèle des tendances préoccupantes. L’étude, qui a interrogé 9000 personnes à travers le monde, dont 1000 en France, met en lumière les risques croissants associés à ces nouvelles habitudes. Cet article explore les implications de cette normalisation du partage de nudes, ainsi que les phénomènes de cyber-flashing et de revenge porn.

Un changement de comportements sociaux

Les résultats de l’étude indiquent un changement fondamental dans les interactions sociales et amoureuses. En France, 13% des personnes interrogées ont déjà partagé des images dénudées d’elles-mêmes avec des personnes qu’elles fréquentent. Ce chiffre grimpe à 34% chez les 16/24 ans et à 31% chez les 25/34 ans. Ces pratiques, bien que courantes, exposent les individus à des risques considérables.

Eric Buanga, eCommerce Manager France & NCWA, explique : « Notre étude met en évidence la normalisation croissante d’une pratique sociale aux conséquences problématiques : le public, en particulier les plus jeunes, partage de plus en plus d’images intimes sans tenir compte des conséquences que cela peut impliquer à long terme. Au cours des 25 dernières années, la technologie a facilité la capture et le partage de ces images, et les comportements et attitudes à l’égard des rencontres en ligne ont considérablement évolué, ce qui a accéléré la tendance à partager des messages intimes. La prise de conscience des risques encourus peut permettre aux individus de faire des choix numériques plus éclairés. »

Le Cyber-Flashing et le Revenge Porn : des pratiques inquiétantes

Le revenge porn, ou la diffusion non consentie d’images intimes à des fins de vengeance, est une réalité alarmante. En France, 16% des répondants ont admis avoir partagé de telles images pour se venger. De plus, environ un Français sur trois a été victime ou connaît quelqu’un qui a subi des abus en ligne, comme le cyber-flashing ou le revenge porn.

« Il faut que tout le monde soit conscient du fait qu’une fois qu’une image est partagée, il peut être difficile d’en contrôler la diffusion ou d’en assurer la suppression, ce qui peut entraîner un préjudice émotionnel et moral important. À mesure que le partage de nudes se banalise, le risque d’utilisation abusive, y compris le voyeurisme, le cyber-flashing et le revenge porn, augmente. Il devient urgent d’aider les jeunes à s’outiller autour des notions d’intimité et de confiance, pour endiguer la diffusion non consentie de ces contenus », indique Louise Delavier, Directrice des programmes de l’association En avant toute(s).

Le cyber-flashing, la réception non consentie de photos à caractère sexuel, affecte toutes les tranches d’âge. 32% des 16/24 ans, 42% des 25/34 ans, et 25% des 35/44 ans en ont déjà été victimes. Cette pratique souligne l’importance de la sensibilisation et de la prévention pour protéger les individus.

L’histoire d’Aaliyah est un rappel brutal de cette réalité ; son ex-partenaire a sournoisement partagé ses images intimes en ligne, ce qui a eu de graves répercussions émotionnelles et psychologiques.

La normalisation des Nudes et le Slut Shaming

L’étude révèle que 15% des Français possèdent des photos explicites d’eux-mêmes sur leurs appareils connectés. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes générations : 36% des 16/24 ans et 39% des 25/34 ans. Partager des photos intimes est désormais ancré dans les mœurs, mais cette normalisation n’est pas sans conséquences. 

54% des Français interrogés blâment les victimes pour la diffusion de leurs images, estimant qu’elles doivent assumer les conséquences de leurs actes. Cette inversion des rôles est dangereuse et contribue au slut shaming, plaçant la responsabilité sur les victimes plutôt que sur les auteurs des abus.

L’histoire d’Alice l’illustre parfaitement. Après la mort de son partenaire, elle a trouvé des images intimes d’elle-même en ligne – des images qui ont été prises en secret pendant son sommeil, soulignant que le véritable coupable est celui qui prend et partage ces images sans autorisation explicite.

Les conseils de Kaspersky et En avant toute(s)

Voici les conseils de Kaspersky et de l’association En avant toute(s) concernant la gestion des contenus intimes : 

  • Réfléchissez avant de publier. Sachez avec qui vous partagez vos données et quand vous le faites. Pensez toujours à la façon dont le contenu que vous partagez en ligne peut être interprété et utilisé par d’autres.
  • Ne publiez pas des contenus intimes qui vous sont adressés. Ne les montrez pas à vos amis. La personne qui vous les a partagés vous fait confiance, il vous appartient de vous en montrer dignes.
  • Après une rupture, supprimez les contenus intimes qui vous ont été envoyés, même si la rupture s’est mal passée. Partager ou montrer des contenus intimes sans l’accord de la personne qui vous les a envoyés est interdit.
  • Si on vous montre un contenu intime, vous pouvez indiquer à la personne que vous trouvez cela déplacé.
  • Pour vous protéger, essayez de ne pas partager de photos de vous-même où vous êtes facilement reconnaissable et identifiable, en évitant d’y faire figurer votre visage ou d’autres signes distinctifs.
  • Prenez soin d’identifier les messageries sûres et celles disposant d’un chiffrement de bout en bout.
  • Si vous pensez être victime d’un abus en ligne, conservez des preuves et signalez-les à la police et aux plateformes sur lesquelles vous pensez trouver vos photos.
  • Vérifiez toujours les paramètres d’autorisation des applications que vous utilisez, afin de minimiser la probabilité que vos données soient partagées ou stockées par des tiers (et au-delà) à votre insu.
  • Utilisez des mots de passe forts: servez-vous d’une solution de sécurité fiable pour créer et gérer des mots de passe uniques pour chaque compte
  • Utilisez des ressources: profitez d’outils comme org pour empêcher le partage en ligne d’images intimes sans votre consentement.
  • Trouvez une organisation dans votre pays pour qu’elle puisse vous aider davantage.

La banalisation du partage de nudes et les pratiques abusives telles que le cyber-flashing et le revenge porn sont des phénomènes préoccupants à l’ère numérique. Il est crucial de sensibiliser le public, en particulier les jeunes, aux risques associés à ces comportements. En adoptant des pratiques numériques plus sûres et en prenant conscience des conséquences potentielles, nous pouvons tous contribuer à un environnement en ligne plus respectueux et sécurisé.

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