Stalkerwares et cyber-violences sexistes : une perspective européenne

Retrouvez les conclusions du dernier EU Cyberpolicy Forum, dédié à la problématique croissante des stalkerwares et autres cyberviolences en Europe

La violence sexiste ou sexospécifique en ligne, ou « cyberviolence », est un sujet sur lequel les autorités et parties prenantes européennes s’impliquent de plus en plus. Il s’agit notamment d’améliorer les cadres législatifs et de trouver des solutions concrètes pour mieux protéger les victimes. Compte tenu de la numérisation rapide de notre vie quotidienne provoquée par la pandémie, de nombreux rapports, tels que le rapport State of Stalkerware 2020 de Kaspersky, et des études comme celle de l’EPRS (Combating gender-based violence : Cyber violence, 2020), montrent clairement que les cas de cyberviolence, tels que ceux impliquant l’utilisation de stalkerwares (logiciels espions commerciaux de harcèlement), ont considérablement augmenté ces dernières années.

En réponse à cette tendance inquiétante, le Parlement européen discute actuellement de deux rapports d’initiative (l’un sur la cyberviolence, l’autre sur la violence sexiste) qui visent à relever les défis posés par la violence en ligne et le cyberharcèlement. De même, au quatrième trimestre 2021, la Commission européenne devrait publier une proposition législative sur la lutte contre la violence sexiste, pour laquelle elle a déjà mené une consultation publique à laquelle Kaspersky a contribué.

A l’occasion de la nouvelle édition du EU Cyberpolicy Forum : « Faire face aux stalkerwares et autres formes de cyber-violence basées sur le genre en Europe : perspectives de la politique, de l’industrie et de la société civile », nous avons réuni des experts de haut niveau et des décideurs politiques pour comprendre comment prévenir au mieux la montée de la cyberviolence et identifier les meilleures pratiques pour protéger les victimes de ces abus.

Bien que ce sujet ne reçoive que depuis récemment l’attention qu’il mérite au niveau de l’UE, notre discussion a été alimentée par des intervenants de haut niveau issus des agences et institutions européennes ainsi que des acteurs de la cybersécurité : Alessandra Moretti, membre du Parlement européen (Italie) ; Alessandra Pauncz, directrice exécutive du Réseau européen pour le travail avec les auteurs de violences domestiques (WWP EN) ; Cláudia Pina, coordinatrice de l’équipe de soutien du Réseau judiciaire européen de lutte contre la cybercriminalité à Eurojust ; et Christina Jankowski, responsable des relations extérieures chez Kaspersky.

Concernant l’état des lieux de la cyberviolence en Europe, tous les intervenants ont reconnu que les formes de violence en ligne ont augmenté pendant la pandémie et que la cyberviolence peut déjà être considérée comme un problème européen et international. Comme l’a expliqué Cláudia Pina, les tribunaux à travers l’UE (par exemple au Portugal et en Estonie) traitent déjà des affaires liées aux logiciels espions de harcèlement. Christina Jankowski a confirmé que Kaspersky a détecté en 2020 des cas de stalkerware dans les 27 États membres de l’Union européenne, l’Allemagne, l’Italie et la France étant les trois pays les plus touchés. Elle ajoute que, selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), 70 % des femmes qui ont été victimes de cyberharcèlement ont également subi au moins une forme de violence physique ou/et sexuelle de la part d’un partenaire intime.

En ce qui concerne les solutions possibles, l’eurodéputée Alessandra Moretti a insisté sur la nécessité non seulement d’adopter d’urgence une loi européenne contre la cyberviolence, mais aussi d’avoir – comme l’ont soutenu tous les intervenants – une définition commune de la cyberviolence. Discutant spécifiquement des applications de harcèlement comme les stalkerwares, Alessandra Pauncz a déclaré de la même manière que ce « non-respect de la vie privée » devait être abordé d’un point de vue juridique, en particulier parce que le harcèlement physique se situe dans le même continuum que la cyberviolence sexiste.

Enfin, la conversation a porté sur le manque général de sensibilisation et de formation, ainsi que sur la nécessité pour les fournisseurs de services en ligne et le secteur public de mieux se coordonner avec les ONG, comme l’a souligné Cláudia Pina. Pour Alessandra Moretti, la prévention de la violence sexiste passe également par l’éducation des jeunes et la prise en compte de la question de la cyberviolence dans les écoles. Sur la question de la sensibilisation et de l’aide à apporter aux victimes en particulier, Christina Jankowski a expliqué que Kaspersky a cofondé la Coalition Against Stalkerware avec WWP EN et huit autres organisations travaillant soit avec des victimes, soit avec des auteurs de violences domestiques, et qu’elle est active dans la défense des droits numériques avec les entreprises de cybersécurité. En outre, Kaspersky travaille avec les partenaires de la Coalition pour poursuivre le développement de TinyCheck, un outil de détection des logiciels de harcèlement gratuit et open-source, conçu spécifiquement pour les organisations à but non lucratif afin de soutenir les victimes de violence domestique et de protéger leur vie privée. En ce qui concerne le projet DeStalk, mené notamment par WWP EN et Kaspersky et soutenu par la Commission européenne, Alessandra Pauncz a fait valoir que la collaboration avec des professionnels de la technologie et des prestataires de services bien formés était un facteur clé. Partager des connaissances techniques est nécessaire pour pouvoir supprimer en toute sécurité les applications malveillantes et pour disposer de critères similaires pour la détection des logiciels espions de harcèlement.

Nous sommes impatients de vous accueillir lors de notre prochain #EUCyberPolicyForum. Si vous souhaitez participer aux prochains événements sur la politique européenne organisés par Kaspersky, veuillez nous envoyer un e-mail à policy.europe@kaspersky.com. En attendant, vous pouvez regarder l’enregistrement du webinaire ici (en anglais).

 

Quelques liens utiles :

Coalition Against Stalkerware : Si vous pensez être surveillé(e) ou si vous souhaitez vous informer sur la manière d’aider les victimes, vous trouverez la vidéo de la coalition sur les logiciels de harcèlement et la manière de s’en protéger sur la page d’accueil du site Web de la coalition, disponible en français. Une page dédiée à la détection, à la suppression et à la prévention des logiciels de harcèlement est également disponible ici, et la liste des organisations de soutien aux victimes se trouve ici. Les organisations qui souhaitent devenir partenaires et/ou être répertoriées sur le site Web peuvent contacter la Coalition Against Stalkerware via le site Web.

TinyCheck : le code source de l’outil de détection des stalkerwares TinyCheck, ainsi que sa documentation technique, peuvent être téléchargés ici sur Github. Une courte vidéo explicative est disponible ici sur YouTube.

DeStalk : Dans le cadre du projet DeStalk, financé par l’UE, le consortium – composé d’experts en violence sexiste et en cybersécurité de la Fundación Blanquerna, Kaspersky, Una Casa per l’Uomo, Regione del Veneto et WWP EN – travaille ensemble pour développer des stratégies et des outils permettant de reconnaître et d’éliminer la cyberviolence sexiste et les logiciels de harcèlement dans les relations intimes. En outre, l’équipe du projet créera un kit d’apprentissage en ligne sur la cyberviolence et les stalkerwares, destiné aux praticiens, aux représentants des autorités et aux décideurs politiques. Visitez le site web du projet, disponible en français : en bas de la page, vous pouvez vous abonner à la newsletter du projet pour recevoir les dernières mises à jour sur les sessions de formation.

Lois contre le harcèlement numérique : plusieurs lois et réglementations traitant du problème des logiciels espions utilisés dans les violences domestiques, mises en place récemment dans divers pays, sont indiquées en bas de cette page. Le Centre Hubertine Auclert propose également des conseils et guides très complets : https://www.stop-cybersexisme.com/.

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