Nous savons tous que notre façon d’exposer et de concevoir les choses a changé au fil du temps. Le monde s’est mis à utiliser des méthodes spécifiques pour transmettre des informations sur la vie privée de manière à ce qu’elles soient comprises par une poignée d’individus.
Prenons pour exemple l’époque Baroque. Il s’agissait d’une période où les sous-entendus, les allusions et les métaphores faisaient partie de la vie courante. Par exemple, une œuvre d’art contenait des messages et des signes clairement destinés à un individu en particulier à qui le message était adressé et dès lors que cette personne s’en allait, nul ne pouvait déchiffrer le message et en découvrir son sens.
Les messages numériques sont par nature indestructibles, pouvant être publiés et reproduits instantanément. Vous-même êtes tout à fait apte à convertir les messages que vous publiez de façon à ce qu’ils soient destinés uniquement à certaines personnes selon le contexte. Dans une époque où tout est devenu public, ce type de comportement pourrait vous être utile pour préserver votre vie privée.
https://twitter.com/khaxan/status/692783872178696192
N’oubliez jamais que votre selfie dans votre salle de bain ou que vos messages privés sur les réseaux sociaux peuvent être exposés aux yeux de tous, tout ce que vous postez sur votre vie devient public. Pourtant, personne ne connait vraiment ce que vous ressentez lorsque vous faites ou postez du contenu en ligne. Vos émotions définissent votre personnalité et font de vous un être unique lorsque vous communiquez avec les personnes autour de vous.
J’observe une nouvelle tendance de symboles décodés individuellement dans nos publications en ligne. Comme chacun sait, il est inutile d’abandonner complètement la communication en ligne, cependant je crois que le nombre de « réticences face aux nouvelles technologies » pourrait sensiblement augmenter et que des mesures nécessaires pourraient être envisagées par le biais de l’utilisation de systèmes de communication uniques.
Our top 10 list of the most interesting big data projects in the world http://t.co/YWMxJCTSYZ
— Kaspersky (@kaspersky) April 3, 2015
Si ce phénomène se propage plus largement, il pourrait changer notre langage, celui des médias, de la publicité, des discours politiques et sociaux et plein d’autres choses.
Qu’est-ce qui n’est plus privé ?
Dans la société actuelle, on considère qu’il existe trois types de sphères privées : les relations personnelles (y compris la vie amoureuse) ; l’argent, tout ce qu’on appelle « la liberté de conscience » que ce soit les engagements politiques ou les appartenances religieuses. Ces différents aspects de la vie privée sont cependant en train d’évoluer, et on ne s’en rend pas toujours compte.
Notre vie privée s’en voit affectée et c’est bien dommage. N’importe qui sur Facebook ou Instagram peut voir notre profil et connaitre l’endroit où l’on vit, pour qui on vote, où on va et ce qu’on fait etc.
Bien sûr qu’une personne peut contrôler sa vie privée, une société par définition est un lieu où il existe la séparation des biens communs et des individus. En ce sens, chacun peut clairement définir ce qui lui appartient ou pas. Compte tenu de la rapidité à laquelle la vie privée disparait peu à peu, une nouvelle « forme de vie privée » est en train d’émerger, ce qui exige la mise en place de nouvelles technologies. Ces dernières seront certainement bientôt disponibles sur le marché.
Make your web surfing completely private https://t.co/xWkXlPVJrt #privacy pic.twitter.com/IYuGcLENvA
— Kaspersky (@kaspersky) March 4, 2016
L’industrie de la sécurité de l’information est en train d’y travailler. En d’autres termes, le monde va produire des verrous numériques et des barrières sur des portes virtuelles ainsi que de nouveaux « chez soi numériques » pour la nouvelle société dans laquelle nous allons vivre. Ces nouveaux « dispositifs » influenceront la transformation des nouvelles et actuelles institutions sociales.
Il est curieux de voir à quel point ces changements s’emparent de nous, tel un tsunami, comme une sorte de révolution sociale silencieuse. Nous ne sommes pas encore en mesure d’appréhender ces changements, ils surgissent tellement vite que nous n’avons pas le temps de nous en rendre compte.
Nouvelle vie privée pour les individus et leurs relations : « les manuscrits ne brûlent pas »
Johannes Brahms , un grand compositeur, était amoureux de Clara Schumann, elle-même épouse d’un autre grand compositeur. Brahms lui écrivait des lettres d’amour mais elle restait toutefois distante. Quand Schumann était encore vivant, les deux continuaient à correspondre, mais lorsque le mari de Clara est décédé, elle prit la décision de rester fidèle à son mari de façon posthume, et décida de couper les ponts avec Brahms. Il détruisit alors toutes les lettres provenant d’elle, à la différence de Clara qui elle les garda toutes. Nous connaissons ainsi les sentiments de Brahms envers Clara Schumann, en revanche nous ignorons ceux de cette dernière envers lui.
Cette histoire pour montrer qu’au 19ème siècle, il existait des moyens de garder nos sentiments secrets. Dans le monde actuel, les individus correspondent désormais de façon semi-publique ou via des canaux de communication susceptibles d’être piratés. Lorsque nous communiquons sur l’application Telegram, on croit que notre conversation est privée, sécurisée et codée, alors qu’en réalité la probabilité qu’il y ait une fuite est élevée.
All data has been already stolen. What’s next? https://t.co/mdscGXVQIy #data #privacy pic.twitter.com/4qxPzIw8ip
— Kaspersky (@kaspersky) March 11, 2016
Il n’existe désormais aucun moyen de restituer les lettres de Clara Schumann, on ne peut pas en dire autant concernant vos emails. Comme le disait la phrase emblématique de Mikhaíl Bulgakov « Les manuscrits ne brûlent pas », écrite bien avant l’époque numérique. Cette phrase était dotée d’un important sens métaphysique, en réalité ils brûlaient bel et bien, et nombreux sont les textes d’une valeur inestimable à l’avoir été. Aujourd’hui, les « manuscrits » ne brûlent pas. Google est là pour nous le rappeler.
Sans surprise, la plupart de nos communications au quotidien sont de plus en plus exposées « à la vue de tous » et « affichées ». La tendance du moment étant la suivante : plus on est jeune, et plus on est susceptible de dévoiler nos conversations sur la sphère publique.
Imaginez que deux personnes se retrouvent au même endroit via Swarm… (application mobile basée sur la géolocalisation d’un individu lui permettant de partager sa localisation avec son réseau d’amis). Par le passé, une telle situation aurait été synonyme d’une parfaite première rencontre, comme celle des séries télévisées comiques : les gens se rencontrent parce qu’ils étaient au même endroit à ce moment-là, et non pas parce qu’une application les a aidés. Dans le monde virtuel d’aujourd’hui, c’est devenu une pratique fréquente.
Certaines personnes pensent qu’elles sont assez intelligentes pour ne pas se faire prendre. Même si elles ont réussi à cacher des choses à leurs amis, le big data lui est bel est bien là.
Why Eugene Kaspersky has big problems with big data http://t.co/QPaWyddi via @itworldca cc: @e_kaspersky
— Kaspersky (@kaspersky) May 22, 2012
Par exemple, imaginez que vous ayez des doutes sur la fidélité de votre compagnon. Vous engagez alors un détective privé à vos frais qui vous dévoilera la vérité après des semaines d’investigation. Maintenant, imaginez que vous puissiez faire exactement la même chose en téléchargeant une application pour 4,99$ qui scannerait tous les réseaux sociaux de votre partenaire, son historique, ses tweets, ses contacts, ses activités publiques en ligne, créant ainsi un profil qui serait comparé aux profils des partenaires infidèles. Cette application repérerait certaines particularités dans ses comportements en ligne, qui en conclurait la chose suivante : votre partenaire a été voir ailleurs.
Un autre exemple : une personne ne fait pas attention à ce qu’elle fait sur le web et laisse ses traces derrière elle. Imaginez que dans le futur il y ait un programme (et nul doute qu’il y en aura un) qui analyse les comportements en ligne des fautifs et que la personne en question possède par hasard un profil associé à ce programme ! Cela supposerait de nombreux problèmes !
Tips and Tricks to Hide from #BigBrother Watchful Eye https://t.co/xJ6VqqUKuo pic.twitter.com/oeNopI12hL
— Kaspersky (@kaspersky) October 9, 2015
Cette tendance va alimenter le développement d’un bon nombre de phénomènes curieux. L’un d’entre eux sera de créer une fausse vie en ligne. Si l’analyse des activités en ligne est capable de détecter des exemples de comportements en ligne, il y aura inévitablement une « action inverse » : l’imitation des activités en ligne afin de cibler un profil en particulier (par exemple, mener une vie en ligne d’un parfait petit « mari fidèle »). Puisque les autorités policières commenceraient à utiliser en masse des analyses en ligne pour des activités de recherche, de nouveaux services d' »alibis numériques » émergeraient. Et la liste est longue.
RT @chthierry: How #BigData helps to catch criminals: https://t.co/nIu1L9sd4S via @kaspersky
— Kaspersky (@kaspersky) January 5, 2016
De nombreuses personnes jouent avec leur vie privée : elles rendent public des choses très personnelles. Cette tendance de vouloir dévoiler sa vie privée et de l’exposer aux yeux de tous sur le web bat son plein : le monde poste des « selfies collectifs », pose dans leur « salle de bain ». Les stars publient des photos de chez elles et se vantent de leurs corps « imparfaits » et de leurs « selfies sans maquillage » et sans filtre sur Instagram.
Désormais, il existe Periscope, l’application qui diffuse des vidéos en direct, équivalant à 40 ans de diffusion au nombre de vues par jour ! Les jeux qui diffusent n’importe quelles informations privées instantanées ne vont cesser de se développer et le monde négligera délibérément sa vie privée n’étant plus à même de la préserver.
Vivre dans une maison de verre : nos revenus connus de tous
Qu’en est-il de nos finances ? La situation est à peu près la même. C’est ironique, mais il est vrai qu’aujourd’hui on dispose de moins de moyens pour dissimuler son statut social (en particulier au gouvernement) qu’un siècle auparavant. Par exemple, dans les pays nordiques, le montant des tickets des transports en commun est calculé en fonction des revenus de chacun. Si vous commettez un excès de vitesse, la police pourrait vous arrêter, prendre une photo de votre plaque d’immatriculation et attendre le montant de l’amende qui vous sera délivré par texto. En résumé, plus vous êtes riche et plus vous payez.
The scary side of #big #data http://t.co/jka3ZJSK6R #bigdata #analytics pic.twitter.com/9beTnrKice
— Kaspersky (@kaspersky) August 21, 2015
Les gouvernements tentent de rassembler des bases de données de tous les revenus des citoyens (et idéalement les dépenses) afin de collecter de l’argent provenant des impôts et des contraventions de manière plus efficace. De plus, les informations concernant le statut social de chaque individu sont de plus en plus partagées entre les pays, permettant même aux adversaires politiques de partager les mêmes opinions.
Les revenus des entreprises deviennent de plus en plus transparents : au Royaume-Uni par exemple, toutes les sociétés déposent leurs rapports financiers à la Corporate House, et ces derniers peuvent être accessibles à tous pour seulement 1£. Rien qu’en payant cette petite somme, vous pourrez tout savoir des opérations financières des entreprises, y compris les salaires de la haute direction.
On pourrait comparer cette quête de rendre publiques les informations privées à un village typique de l’époque médiévale : les maisons sont petites, tous les membres de la famille dorment dans la même pièce, les portes ne sont pas verrouillées. Les maisons sont toutes proches les unes des autres, les murs sont tellement fins qu’on entend tout, chaque mouvement est perçu, tout est sous contrôle. C’est clair comme l’eau de roche, tout le monde peut désormais savoir combien d’argent on gagne, en un rien de temps, même être au courant du simple achat d’une bouilloire…
La #société vous apprendra ce qu’est la vraie #transparence
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De même que si vous êtes un riche paysan et que vous ne contribuez pas aux biens collectifs, plein de mauvaises choses pourraient vous arriver en retour : votre vache peut être empoisonnée, ou votre ferme partir en fumée. Vous finiriez par être convoqué à une assemblée populaire où on vous poserait la question suivante : « Hans, il est évident que vous vivez au-dessus de vos moyens, donc expliquez-nous comment vous avez pu récolter tout cet argent pour vous acheter un autre cheval. »
La société vous enseignera ce qu’est la vraie transparence. La communauté, dont la mort a été pleurée par les conservateurs du siècle dernier, est de retour. C’est confortable d’y vivre, elle crée des liens comme une famille, elle apporte son aide. Mais le revers de la médaille se traduit par le manque de vie privée.
Qu’en adviendra-t-il par la suite ? Et bien, le monde sera probablement amené à construire de grands murs entre les communautés. Tout sera donc transparent à l’intérieur du mur : on sera tous combien vous gagnez Hans, Carl et Clara ! Gunter sera encore le seul hors du mur à ne rien connaître de notre village. La prochaine tendance sociale sera par conséquent constituée de communautés entièrement transparentes dans leur environnement intérieur mais lourdement protégées face aux personnes extérieures.
Comme je l’ai mentionné, la prochaine étape sera l’émergence de nouveaux individus désireux de protéger leur vie privée, errant d’une communauté à l’autre. Ces « nomades numériques » verront leur intention passer d’une sphère d’Internet à une autre : de leurs revenus en monnaie réelle à la crypto-monnaie (monnaie électronique), d’une messagerie cryptée à une autre, tout comme s’ils poussaient la porte vers de nouvelles frontières et explorer des terres inconnues. Je pourrais la qualifier d’émergence de soi-disant « cyber anarchistes », un nouveau groupe social (ou peut-être même religieux).
Assemblée populaire numérique : que va-t-il se passer pour le système politique ?
Eugène Kaspersky pense que la seule façon de préserver la démocratie comme étant un modèle politique est le déploiement massif des technologies des votes numériques. Il est en effet peu probable que la nouvelle génération de citoyens aille au bureau de vote. Afin de les sensibiliser davantage, une nouvelle génération technologique d’autorisation sécurisée est nécessaire, sans quoi la démocratie disparaitrait et serait remplacée par une nouvelle forme de totalitarisme. Beaucoup de personnes seraient exclues de la vie politique de leur pays, ce qui rendrait la tâche de l’usurpation de pouvoir encore plus facile.
On devrait se résoudre à l’idée que la société est en train de subir une période de transformation, et que toute tentative de préserver les méthodes archaïques de vote limite les compétences politiques et fait place à la manipulation. Il est temps de penser à comment les institutions politiques fonctionneront dans un monde de plus en plus virtuel. Pour cela, nous allons nous rapprocher de plus en plus des cartes d’identité numériques qui nous permettront de vivre une vie en ligne à part entière.
#Vie privée sur internet : le nouveau Baroque
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Maintenant, si vous le souhaitez, laissons place à la rêverie et imaginons les caractéristiques idéales d’une carte d’identité numérique ou d’un mot de passe. Ils seraient connectés à votre personnalité et à votre corps, pas seulement vous servir à vous connecter via votre rétine ou vos empreintes digitales ou tout autres paramètres biométriques, mais aussi vous permettre de définir votre état, si vous êtes conscient de vos actes, sobre, agissant de votre propre volonté et indépendamment.
Cependant, cela mettrait fin à l’anonymat de vos opinions politiques. Dans ce nouveau « meilleur des mondes », le processus de vote serait à peu près similaire à la tradition de voter à Appenzell Innerrhoden, le plus petit canton suisse.
Dans cette petite région de 15 000 habitants, tous les problèmes sociaux sont débattus selon la Landsgemeinde (vote à main levée). A première vue, cela semble être une méthode très médiévale : tous les citoyens brandissant leur carte d’identité et « levant les armes » (un pistolet, une mitraillette, ou une hache) et se rassemblent sur un vaste champ exerçant leurs droits politiques en exprimant clairement et publiquement leurs positions. Pas de place pour la politique de confidentialité : chacun connait les opinions et les choix des autres.
Kaspersky gives you the #powertoprotect your world and your devices in a digital world that is ever changing. http://t.co/IMBSylc3l6
— Kaspersky (@kaspersky) November 25, 2014
Meilleur des mondes : et ensuite ?
Nous sommes en passe d’être les témoins de véritables changements révolutionnaires concernant les technologies de communication et d’information qui vont transformer notre façon de concevoir les choses sur ce qui est du domaine public ou privé, concernant les institutions politiques, et même sur nos valeurs morales et nos goûts. Il est fondamental qu’on y soit bien préparés, que ce soit d’un point de vue technologique ou bien philosophique, et surtout rester humains, du moins le plus possible dans ce nouveau monde numérique qui s’ouvre à nous.