#BionicManDiary Post nº2 : Le jour où la puce se déplace toute seule…

Deuxième post de notre « Homme Bionic »

Pendant les deux premières semaines de mon expérience avec la biopuce, j’ai eu le temps de réfléchir à beaucoup de choses. Le déluge de questions de la communauté a poussé ce processus encore plus loin : c’est une chose de vous retrouver seul avec vos pensées et vos inquiétudes, mais quand vous êtes constamment bombardé de questions et de suggestions et que vous vivez dans un environnement de constantes discussions concernant tous les aspects de l’expérience, c’est une toute autre histoire. Les questions touchaient parfois de sérieux problèmes allant du confort émotionnel à la religion.

Je n’ai jamais regretté ce que j’ai fait. C’est plutôt l’opposé à vrai dire : le nombre de questions, ainsi que leurs thèmes variés, prouvent que l’initiative elle-même n’était pas vaine – car cette technologie est réellement controversée. Afin d’éviter un scénario à la  » Blade Runner « , nous devons sérieusement mettre à jour, redéfinir et réparer les bugs de cette technologie.

La forme pose problème

Premièrement, laissez-moi vous parler de sa forme. Sentir la puce sous votre peau est la toute première chose à laquelle vous devrez vous habituer.

Je ne la sens pas souvent. Peut-être que ce point du corps entre le pouce et l’index dispose de moins de terminaisons nerveuses ou sinon, c’est peut-être que la chirurgie a été un réel succès. La puce semble néanmoins s’être bien intégrée dans une petite ride de ma peau.

Parfois, cependant, je la sens vraiment dans ma main : par exemple, quand je porte des choses lourdes comme mes courses. Dans de tels cas, la puce se déplace sur le côté, de quelques millimètres vers l’index.

D’autre fois, vous vous réveillez et découvrez que la puce a voyagé à un autre endroit pendant la nuit. Il n’y a rien de mal à ça, elle ne peut pas se déplacer à une distance plus grande que celle d’un nickel.

L’ayant depuis déjà quelques semaines, je dois vous dire la chose suivante : bien qu’il s’agisse d’une idée merveilleuse (je parlerai de tous ses avantages initiaux dans mon prochain post), la première chose que nous devrions changer radicalement, c’est la forme de la puce.

Les biopuces de nos jours ressemblent à ça :

1_EN

Son containeur est fait de verre lisse et dur biocompatible qui ne se désintègre pas au contact de la chair humaine et qui contient un petit circuit qui dispose de fonctionnalités de base logiques : un bloc de lecture et d’écriture et un bloc de mémoire qui est activé lorsqu’il se trouve dans le champ d’un récepteur RFID.

Cela signifie que la puce est activée uniquement lorsqu’elle est placée près d’un objet, tel qu’une barrière de métro ou un lecteur de carte de crédit.

Elle fonctionne bien en général. Néanmoins, cette forme est plus adaptée pour une injection non douloureuse mais pour une présence prolongée sous la peau, elle n’est pas idéale.

Où placer la puce selon Da Vinci

Le point entre le pouce et l’index ne s’avère pas être le meilleur endroit pour la puce, car dans la pratique il n’est pas le plus confortable dans la vie de tous les jours. Par exemple, au moment de passer une barrière dans le métro, je balaie automatiquement ma main au-dessus de celle-ci ou touche le lecteur avec mon poing ou mon poignet.

J’ai approché différents lecteurs plus de 1000 fois et je vous assure que la bionique devrait employer les mêmes tests d’utilisation et les mêmes essais d’expérience utilisateur que ceux utilisés pour les applications mobiles, qui ont été inspirés il y a bien longtemps par le principe du rasoir d’Ockham. Et en parlant de simplicité, j’aime particulièrement cette phrase d’Albert Einstein :

 » Rendez les choses aussi simples que possibles, mais pas plus simples. « 

Quand on applique cela à la puce intégrée dans ma main, cela signifie qu’un individu aurait besoin de tourner sa main pour que les lecteurs puissent la lire mais moins il est nécessaire de tourner sa main mieux c’est.  La puce devrait être placée de façon à nous permettre une interaction confortable avec n’importe quel appareil situé à proximité. Je pense que notre bon vieux Da Vinci s’approchait déjà de la solution à cette approche avec son Homme de Vitruve.

homme de vitruve

Alors que je marchais dans le métro, étais au bureau ou dans un centre commercial (la puce ne peut pas encore me service de pass d’accès mais les lecteurs réagissent en sa présence, ce qui étonne de nombreuses personnes), j’ai identifié les endroits les plus adéquats pour accueillir une puce :

La zone la plus pratique pour placer une puce se situe dans le centre du côté externe de la main. Si la puce est implantée à cet endroit, il serait plus facile pour son porteur de déverrouiller de nombreuses portes et terminaux de paiement, d’interagir avec des smartphones et des tablettes et de payer en passant les barrières de transport public (du moins à celles qui sont placées dans les bus).

4_EN

#2 dans ma liste personnelle des meilleurs endroits, on trouve également le côté de la main, entre le petit doigt et le poignet : si vous serrez le poing, vous verrez une petite ride se former là où il serait possible d’insérer la puce.

#3 mon numéro trois des meilleurs endroits où la puce pourrait être implantée se situe entre les articulations de la main. Dans ce cas, pour interagir avec un lecteur, il suffirait d’y coller votre poing doucement et c’est un mouvement très intuitif.

En réalité, il n’y a pas de solution idéale ici. Pour qu’une zone devienne universelle, nous aurions besoin d’homogénéiser tous les lecteurs de la planète.

Même si nous le faisons, cela ne sera pas facile. Les gens sont très différents : ils varient en taille, sont gauchers ou droitiers, pourraient avoir des problèmes de membres ou même ne pas avoir de membres du tout.

Afin de respecter les intérêts de tout le monde, nous pourrions implanter plusieurs puces afin qu’elles puissent interagir et réaliser des tâches (comme un petit réseau local) ou la puce devrait pouvoir fonctionner dans des champs de plusieurs centimètres.

Techniquement, la deuxième option est possible mais elle présente davantage de risques de sécurité : de potentiels hackers pourraient accéder à distance aux données partagées entre les puces en utilisant une antenne à faisceau –une méthode très largement employée pour pirater les réseaux Bluetooth.

En tant qu’homme « implantée », je préférerais la première option. Enfin, si on m’avait demandé, j’aurais choisi la première option.

Une biopuce doit pouvoir prendre racine

Mais la situation de la puce fait partie d’un problème plus important. Vous vous souvenez quand je vous ai dit que la puce voyageait sous la peau ? Ce problème doit être résolu. J’ai utilisé toutes mes capacités en gestion de produit combinées à une théorie inventive de résolution des problèmes et voici ma solution :

2_EN

Pour qu’une biopuce s’adapte complètement à son utilisateur, elle doit être complètement remodelée et adaptée à répondre aux besoins de son utilisateur. La nécessité principale se trouve dans les différentes conditions que la puce traverse :

Avant et pendant le processus d’implantation
Après l’implantation
Avant l’extraction (dans le cas où son propriétaire déciderait de la retirer).
Dans le premier cas, la puce devrait être la plus lisse et la plus compacte possible afin de pouvoir passer sous la peau de la manière la plus indolore possible et on ne devrait pas pouvoir la sentir peu importe où elle est injectée. Cette puce devrait également pouvoir rester en mode veille et être désactivée.

Après l’injection, l’utilisateur doit être capable de faire deux choses essentielles. La première chose est d’invoquer la puce, littéralement : la seule manière pour qu’on ne sente pas la puce et pour qu’elle ne bouge pas sous la peau est qu’elle prenne littéralement  racine dans le corps humain.

Pour que cela se produise, la puce doit lentement, au fil des jours, faire pousser de fines  » racines  » qui lui permettront de se fixer de manière stable dans l’organisme vivant et d’en faire partie intégrante. En même temps, ces  » racines  » pourraient devenir un moyen pour la puce de s’activer et de se connecter au système neuronal.

3_EN

Néanmoins, je (l’utilisateur) pourrais vouloir un jour me débarrasser de la puce, qu’il s’agisse d’une nécessité pour passer à une puce plus sophistiquée ou d’une paranoïa anti-technologie et d’un imminent désir de courir vers une plage mexicaine isolée où je pourrais m’assoir sur le sable et chanter la Kumbaya jusqu’à ma mort.

Dans ce cas, je devrais pouvoir récupérer mes données personnelles, les chiffrer et les envoyer sur le Cloud. La puce serait ensuite détruite. Il faudrait littéralement la tuer : elle devrait d’abord perdre ses racines (de la même façon qu’une fraise s’affaisse et se dégrade) puis se transformer en une pièce lisse qui pourrait être facilement extraite grâce à un scalpel, une anesthésie et une pince à épiler.

Il existe une autre option : ce genre de puce devrait se dissoudre une fois désactivée.

Une deuxième nécessité : la symbiose

Les questions des lecteurs les plus populaires ont révélé leurs peurs :  » Et si un criminel vous coupe la main et utilise votre puce ? « . Malheureusement, j’ai bien peur que cela soit possible.

Il existe des millions de choses que les criminels auraient besoin de savoir afin de mener un piratage aussi brutal. Premièrement, ils doivent savoir exactement où se trouve la puce et ensuite, couper de la chair est bien plus violant que de voler des mots de passe sur Internet. Les criminels doivent donc être dans une situation extrêmement désespérée ou très violents. Mais, en général, c’est un point relativement pertinent.

Afin de réparer cette vulnérabilité, nous devons rendre la puce complètement inopérable une fois séparée de son porteur légitime.  La puce extraite d’une manière ou d’une autre du corps de son propriétaire doit être détruite et impossible à réparer.

Des méthodes doivent être mises en place afin d’empêcher le vol de données et ce dans n’importe quel scénario possible (même quand celle-ci est en mode veille). Pour diminuer les chances que la puce soit piratée, celle-ci pourrait employer d’autres facteurs d’authentification (tels que la reconnaissance vocale ou un jeton situé à un endroit que seul son propriétaire légitime connaitrait).

N’hésitez pas à partager vos scénarios dans les commentaires à la fin de ce post : comment vous imaginez le design de cette puce,  quels cas d’utilisation devraient être pris en compte, etc. C’est à ça que sert l’expérience : tester les idées les plus folles et cela pourrait nous mener à des découvertes importantes.

Mon prochain post se concentrera sur comment j’ai réussi à contourner le mot de passe de ma propre puce pour déverrouiller l’écran de mon téléphone et sur les trouvailles que j’aimerais communiquer aux développeurs d’applications.

Bien cordialement,

CHE

P.S. : Tous les posts et les tweets peuvent être trouvés via le hashtag #BionicManDiary. Vous pouvez poster TOUTES vos questions (aucune limite !) via Facebook ou Twitter. Je ferai de mon mieux pour répondre à toutes.

Conseils